Médire, mentir, calomnier, insulter, flatter, propager des rumeurs ou tourner en dérision :
Autant de paroles «régressives » aux effets désastreux que l’Homme accomplit par un organe à priori anodin : la langue. Combien de hadiths mettent en garde le musulman contre les excès de langage et l’importance de tenir sa langue et de préférer le silence.
A une époque où le déluge de mots les a vidés de leur sens, à cause entre autre, de la révolution numérique,d’internet et ses “réseaux sociaux” qui accaparent la sphère mentale de toute une génération, il est particulièrement salutaire de relire cette œuvre majeure du maître érudit, spécialiste des règles morales et de l’ascétisme, qu’était Ibn Abî ad-Dunyâ.
Disciple de l’imâm Ahmad ibn Hanbal, muhaddith et moraliste reconnu, auteur de près de 170 ouvrages, Ibn Abî ad-Dunyâ nous présente, dans «le livre du silence», une compilation impressionnante de plus de 700 hadiths prophétiques et de citations des compagnons, disciples (tâbi’ûn) et illustres personnages sur les règles de bienséance relatives au langage que le croyant gentilhomme se doit de respecter en public et en privé.
Il montre l’importance de maîtriser son langage, d’en éviter les abus , de ne pas s’exprimer sur les sujets qu’on ignore et plus généralement, de « dire du bien ou se taire » car « le silence est d’or ».
Ainsi, le silence devient remède et acte de résistance, contribuant à la réhabilitation de la parole, la vraie, synonyme de sagesse et de verbe efficient et noble face à l’abrutissement entraîné par un bavardage ambiant,dominateur et envahissant.