L'Histoire orthodoxe a, durant des siècles, organisé tout un échafaudage dit historique, avec un zèle et une imagination tout particuliers dans le domaine des sciences. L'Eglise, bibliophage de la littérature musulmane, a su élever au niveau d'un art le plagiat et la tautologie: le mouvement des copistes-traducteurs a donné naissance à des générations d'auteurs qui s'approprient, en version latine, les œuvres savantes musulmanes. Ainsi se poursuit, depuis le VIIIè siècle, une politique systématique d'acquisition et de mise à disposition des œuvres plagiées, compilées, commentées, imitées, travesties, puis occultées sous le patronyme des plagiaires pour être intégrées selon une politique à l'effet contre-culturel et contre-civilisationnel.
L'église et son Orthodoxie légitime cette préoccupation constante car au XIVè siècle, la rédaction, l'impression, la vente, la lecture des livres, ainsi que l'enseignement sont sous son contrôle inconditionnel. Tandis qu'il est prohibé (sous peine capitale) de présenter favorablement, sous quelque forme que ce soit, l'Islâm et les musulmans, elle s'active avec frénésie à faire du latin et du grec la pierre angulaire de l'enseignement et de la culture de l'infidèle: c'est l'époque de l'hellénisation ... et l'imagination fait le reste.
Pour asseoir d'avantage son autorité, l'Histoire Orthodoxe est embellie pendant des siècles et connaît son âge d'or à la Renaissance et au siècle des Lumières pour enfin demeurer une institution contemporaine. L'objectif est d'inventer une continuité scientifique et socioculturelle entre l'Antiquité gréco-romaine et l'Occident chrétien, et l'on n'hésite pas, pour ce faire, à inventer de mythiques savants et œuvres séculaires.